Sauf que nous prenons (trop) notre temps ; adeptes incorrigibles de la billebaude, du coup de coeur, de l’inspiration de dernière minute. Cette fois, dans les Alpilles avec les Traquets oreillards ; les Engoulevents et les Grands-ducs d’Europe. Et puis, surtout, chez l’Aigle de Bonelli, on se ferait distraire pour moins que cela. Nous arriverons donc trop tard pour le Bonaparte, et serons des ultimes à observer le Baird avant volatilisation. Le 28 mai et à notre toute dernière tentative, on a même dormi sur place, c’était moins une, ouf !
Le Bécasseau de Baird (Calidris bairdii) est contacté du 18 au 28 mai. Sur plusieurs clos autour de la Baisse de Cinq Cents Francs, au sud de Salin-de-Giraud. Antoine Coquis, le premier, est intrigué par ce petit limicole indéterminé, d’aspect singulier aux côtés de ses congénères. Mais c’est à Hugo Touzé, du Comité d’Homologation National des espèces rares (lui a le privilège de ‘cocher’ sans bouger de chez lui !), que reviendra la paternité de la découverte : il identifiera la trouvaille vite fait, par correspondance… Pourtant pas évident à définir au premier coup d’oeil, le petit limi’* ! Un jizz de Temminck mais en plus allongé, avec une projection des primaires plus longue que la queue. Cou et poitrine striés, pattes sombres, manteau régulièrement écaillé et festonné de tâches noirâtres. Comme souvent dans ce genre d’événement ornitho’, le défilé des Hommes à jumelles et longues vues suit de peu l’observation rapportée par nos bases de données partagées. Les mentions du Bécasseau de Baird sont nettement plus rares que celles du Bonaparte, dans notre région paléarctique : la première donnée camarguaise est de septembre 1991, par M. South et P. Yésou, ce dernier bien connu de l’ornithologie du nord sénégalais. La seconde n’est que de 2004, du 13 au 15 mai, on la doit à l’enfant du pays et porte-drapeau de la LPO-PACA, Amine Flitti.
Le Bécasseau à croupion blanc (ex de Bonaparte, Calidris fuscicollis) sera contacté du 22 au 27 mai, sur le même site, souvent en compagnie du cousin de sa ‘communauté’. Sa première mention en Camargue date de mars 1954. Amine et son fils Aubain seront historiquement les derniers à l’observer, alors qu’il ne reste que peu des limicoles stationnés sur les lagons, en route de l’Afrique subsaharienne hivernale vers le Grand Nord printanier. Nous nous ferons la même remarque le lendemain pour le Baird. Plusieurs cocorli, certes, mais plus aucun Bécasseau de Temminck depuis le 21 mai, le dernier falcinelle le 16, deux limicoles de la famille qu’on aurait bien voulu immortaliser. Et plus rien entendu du Bécasseau tacheté, troisième ‘vagrant‘ fugace de ce printemps camarguais décidément très américain, noté le 13 mai au chemin du Grand Badon par notre ‘collègue’ de Haute-Savoie Xavier Birot Colomb. Les maubèches tiendront jusqu’au 5 juin – mais nous n’en croiserons aucun, Jérémy et moi, lors de notre vagabondage entre Bouches-du-Rhône et Gard (27 soir, 28, 29, 30, 31 05).